Traitement d’un dégât des eaux sur une peinture sur toile
Voici une illustration avec le cas du Nu assis*, une peinture sur toile en très mauvais état suite à un mauvais conditionnement sans aucun doute et un dégât des eaux ; elle a vraisemblablement été plongée dans l’eau jusqu’à la moitié de sa hauteur (et plus).
Il en résulte :
- des auréoles au revers de la toile,
- des moisissures et des traces brunes au revers, ayant transpercé sur la face,
- un fort écaillage sur les 2/3 de la hauteur,
- un manque important de toile au bas du tableau.
1 – Dépoussiérage du revers
Les poussières favorisant le développement des moisissures, un dépoussiérage minutieux de l’œuvre s’impose avant toute autre intervention, avec notamment brossage de la toile et du châssis _ démonté auparavant_ et grattage de traces noires au dos. Le brossage doit être délicat compte tenu de la fragilité de la couche picturale (voir Refixage plus bas).
2 – Éradication des moisissures
Une fois la toile bien dépoussiérée, on peut procéder à la décontamination : passage de la solution antifongique au pinceau sur le revers, avec insistance sur les traces noires.
Le produit est déterminé et composé en fonction du type de champignon et du degré d’infection.
Il existe des cas plus graves bien entendu, qui nécessitent d’abord un prélèvement des micro-organismes afin d’identifier le germe. Ils seront développés ultérieurement dans des articles du blog.
3 – Nettoyage de la face
Après séchage, il faut nettoyer la surface picturale avec une solution adaptée. Dans ce cas précis, il a fallu être très prudent là encore, toujours en raison d’une couche de peinture fine et fragile, très écaillée.
4 – Refixage des soulèvements
Cette toile présentait un fort écaillage prématuré dû au dégât des eaux d’une part, mais également à un manque de préparation (problématique des peintures du 20e) d’autre part.
La stabilisation de cette couche picturale fragilisée a donc été délicate : refixage des écailles soulevées au petit pinceau, puis refixage généralisé dos et face.
fragile, très écaillée.
5 – Consolidation des bandes de tension
Au bas de ce tableau, on pouvait observer un grand manque de toile. Par ailleurs, le revers des bordures avait été enduit d’une sorte de goudron lors d’une ancienne intervention.
Il a alors fallu effectuer une réintégration de toile au bas du tableau sous la forme d’une grande incrustation, et poser des bandes de tension sur les 3 autres côtés.
6 – Comblement des lacunes
L’important écaillage ayant fait place à de grandes et nombreuses zones de manques, il faut procéder au masticage, suivi d’un ponçage fin, la peinture étant de fine épaisseur.
7 – Retouche
Ensuite on peut effectuer les retouches du fond et des parties du corps, en glacis.
Ainsi on retrouve la finesse de la touche et des tons fauvistes, délicats.
La main gauche du modèle notamment a retrouvé sa belle forme à force de persévérance.
8 – Vernissage
Enfin, la peinture ayant bien séché, elle a été protégée avec un vernis satiné en bombe, et bordée.