Ce beau tableau, qui date du tout début du 20e siècle, représente le portrait de mon grand-père à 30 ans. Il a été réalisé par un de ses camarades des Beaux-Arts de Paris, qui l’a même dédicacé !
J’ai vu cette peinture depuis mon enfance dans la salle à manger de la « Villa des Pins » à Perpignan, où s’étaient installés mes grands-parents après leur mariage. Je pense que mon grand-père avait dû inviter son ami à Perpignan, peut-être dans le château de ses parents, puisque c’est là que le tableau a été peint.
Ce tableau est un important souvenir pour moi ; il maintient le lien avec ma famille, mais aussi avec mon enfance…
Il a malencontreusement été endommagé un jour il y a quelques années : une importante déchirure sur son œil gauche défigurait cet admirable portrait… Il avait également besoin d’un bon nettoyage de l’avis de la restauratrice. Nous ne l’avons pas fait restaurer tout de suite, faute de temps pour rechercher un professionnel, et également parce que nous l’avions mis de côté… Et hors de notre vue, nous n’y pensions plus… Puis un jour, profitant d’un salon à Chaville, mon épouse lui a parlé de ce tableau. Connaissant Marie-Line depuis de nombreuses années, elle lui a confié « mon grand-père » avec une grande confiance. Pour l’avoir côtoyée, elle sait tout son attachement à ce qui est artistique, bien sûr, mais surtout sa patience, sa minutie, sa rigueur et son humilité.
L’artisan restaurateur de peinture est le prolongement du bras du maitre !!! Il doit observer et comprendre la manière de peindre de l’auteur et la reproduire pour « camoufler » les accidents comme ce malheureux accroc. Et je dois reconnaitre que ce ne doit pas être une mince affaire … 😉
Le résultat fut à la hauteur de ce nous espérions ; à la réception du tableau, je ne savais plus localiser la déchirure ! L’ensemble du portrait, jauni par le temps et surtout les fumées de cheminée et de cigarettes pendant de longues années, est devenu plus clair. La restauratrice a détecté d’autres dégradations mineures qu’elle nous a proposé de réparer ; nous avons donné notre accord. Des traces disgracieuses dans le bas de la toile, auxquelles nous n’avions pas fait attention, ont été atténuées. Les amas de poussière qui s’étaient inévitablement accumulés entre le châssis et la toile ont été enlevés. Un très petit accroc à gauche de la signature a été comblé.
Enfin, Marie-Line nous a remis un document [rapport de restauration] qui relate toutes les manipulations opérées par elle, mais conserve aussi les informations du passé : origine et contexte, son histoire, état de l’œuvre à la réception, illustrations, etc. C’est un document intéressant que je garde avec autant de préciosité que les autres éléments que je possède sur mon grand-père (ouvrage sur la peinture où il est fait mention de lui, photographies anciennes, etc.).